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et je me suis éloigné avec les plus profonds saluts que j’aie jamais faits. Aldine a compris ma mise en scène, et son bon sourire m’en a su gré.

— Eh bien, m’a dit la vieille en me suivant quand la fenêtre a été refermée, si vous connaissez la musicienne, pourquoi donc ne montez-vous pas lui parler ? Vous êtes donc bien pressé ?

— Je ne monte pas pour qu’on ne croie pas que je me permets de lui faire la cour. N’est-ce pas, ma bonne dame, que j’ai raison ?

— Oh ! par exemple, si vous le prenez comme ça, oui ! Vous avez des sentiments, et le monde est si jacasse ! Ça serait dommage de faire du tort à une personne dont on n’a jamais trouvé rien à dire.

— Vous l’appelez la musicienne : est-ce qu’elle joue du piano quelquefois ?

— Oui, pour amuser sa pauvre moricaude ! Elle joue tout doucement. Ah ! dame, elle joue bien, oui ! Si elle n’avait pas cette petite sur les bras, elle gagnerait quelque chose dans le pays. On l’a déjà demandée bien des fois à Vaubuisson et au château de la Tilleraie, — vous savez, derrière la colline, à deux pas d’ici ?

— Chez M. Gédéon Nuñez ?

— C’est ça ! Des riches ! Ils viennent l’été, et il y a des petits enfants. Un jour que M. Gédéon passait ici, il a entendu mademoiselle Vallier qui sonnait des airs. Il a écouté, et il a dit que c’était du premier numéro. On a envoyé de grands laquais pour lui demander de venir donner des leçons, mais elle a dit qu’elle ne pouvait pas. C’est malheureux, ça, parce que cette demoiselle n’a pas plus qu’il ne faut. C’est obligé de regarder à tout, et pourtant ça se tient bien, c’est propre, c’est gentil, c’est honnête, et ça trouve encore le