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XVIII

DE PIERRE À PHILIPPE


25 avril, à l’ermitage.

Nos malades ne vont pas trop bien. Zoé est si affaiblie par sa dernière crise, que sa maîtresse ne peut la quitter, et M. Sylvestre est si peu raisonnable, que je ne dois pas le quitter non plus. Madame Laroze y met un grand cœur, mais elle est accaparée par ses pratiques, et son cabaret ne désemplit guère. Depuis cinq jours, je n’ai été qu’une fois à Vaubuisson, pour chercher un peu de linge, un peu d’argent, et tranquilliser la mère Agathe sur mon compte. En passant, j’ai pu donner à mademoiselle Vallier des nouvelles de l’ermite, et je l’ai fait d’une manière ingénieuse, pour empêcher les mauvaises langues d’incriminer nos relations. Bien qu’il ne passe pas beaucoup de monde sur son chemin, on peut toujours être observé par les gens qui travaillent dans la campagne, et, tout affables qu’ils sont, je les crois aussi curieux et aussi soupçonneux que des bourgeois de petite ville. J’ai donc avisé une vieille femme qui lavait au déversoir de la source, et j’ai réclamé d’elle un service. Elle a consenti, sans se faire prier, à appeler mademoiselle Vallier et à lui demander de se mettre à sa fenêtre. Dès qu’Aldine s’est montrée, je lui ai rendu compte de l’état de M. Sylvestre en peu de mots, en présence de la vieille,