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pas à suivre Marcasse malgré ses recommandations, et notre premier soin fut de visiter le lit ; mais, pendant que nous causions dans la cour, la servante avait mis des draps blancs et elle achevait de lisser les couvertures.

— Qui donc avait couché là ? lui dit Marcasse avec sa prudence accoutumée.

— Personne autre, répondit-elle, que M. le chevalier ou M. l’abbé Aubert, du temps qu’ils y venaient.

— Mais, aujourd’hui ou hier, par exemple ? reprit Marcasse.

— Oh ! hier et aujourd’hui, personne, monsieur ; car il y a bien deux ans que M. le chevalier n’est venu, et, pour M. l’abbé, il n’y couche jamais depuis qu’il y vient tout seul. Il arrive le matin, déjeune chez nous, et s’en retourne le soir.

— Mais le lit était défait, dit Marcasse en la regardant fixement.

— Ah ! dame ! monsieur, répondit-elle, ça se peut ; je ne sais comment on l’a laissé la dernière fois qu’on y a couché ; je n’y ai pas fait attention en mettant les draps ; tout ce que je sais, c’est qu’il y avait le manteau à M. Bernard dessus.

— Mon manteau ? m’écriai-je. Il est resté à l’écurie.

— Et le mien aussi, dit Marcasse ; je viens de les rouler tous les deux et de les placer sur le coffre à l’avoine.

— Vous en aviez donc deux ? reprit la servante ; car je suis sûre d’en avoir ôté un de dessus le lit, un manteau tout noir et pas neuf !

Le mien était précisément doublé de rouge et bordé d’un galon d’or. Celui de Marcasse était gris clair. Ce n’était donc pas un de nos manteaux apportés un instant et rapportés à l’écurie par le garçon.

— Mais qu’en avez-vous fait ? dit le sergent.