Page:Sand - Mauprat.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et elle voulut sortir.

J’allais lui saisir le bras lorsque la sonnette se fit entendre ; c’était l’abbé qui rentrait. Aussitôt qu’il parut, Edmée lui serra la main et se retira dans sa chambre sans m’adresser un seul mot.

Le bon abbé, s’apercevant de mon trouble, me questionna avec l’assurance que devaient lui donner désormais ses droits à mon affection ; mais ce point était le seul sur lequel nous ne nous fussions jamais expliqués. Il avait cherché en vain. Il ne m’avait pas donné une seule leçon d’histoire sans tirer des amours illustres un exemple ou un précepte de modération ou de générosité ; mais il n’avait pas réussi à me faire dire un mot à ce sujet. Je ne pouvais lui pardonner tout à fait de m’avoir desservi auprès d’Edmée. Je croyais deviner qu’il me desservait encore, et je me tenais en garde contre tous les arguments de sa philosophie et toutes les séductions de son amitié. Ce soir-là, plus que jamais, je fus inattaquable. Je le laissai inquiet et chagrin, et j’allai me jeter sur mon lit, où je cachai ma tête dans les couvertures, afin d’étouffer les anciens sanglots, impitoyables vainqueurs de mon orgueil et de ma colère.