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IX


Enfin, un matin, M. Hubert, après déjeuner, m’emmena chez sa fille. Quand la porte de sa chambre s’ouvrit, l’air tiède et parfumé qui me vint au visage faillit me suffoquer. Cette chambre était simple et charmante, tendue et meublée en toile de Perse à fond blanc, et toute parfumée de grands vases de Chine remplis de fleurs. Il y avait des oiseaux d’Afrique qui jouaient dans une cage dorée et qui chantaient d’une voix douce et amoureuse. Le tapis était plus moelleux aux pieds que la mousse des bois au mois de mars. J’étais si ému qu’à chaque instant ma vue se troublait ; mes pieds s’accrochaient gauchement l’un à l’autre, et je heurtais tous les meubles sans pouvoir avancer. Edmée me sembla encore plus belle que je ne l’avais vue, mais si différente que je me sentis tout glacé de crainte au milieu de mon transport. Elle me tendit la main ; je ne savais pas que je pusse la lui baiser devant son père. Je n’entendis pas ce qu’elle me disait ; je crois que ce furent des paroles affectueuses. Puis, comme brisée de fatigue, elle pencha sa tête en arrière sur son oreiller et ferma les yeux.

— J’ai à travailler, me dit le chevalier, tenez-lui compagnie ; mais ne la faites pas beaucoup parler, car elle est encore bien faible.