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d’où m’est venu ce bouquet ? Je te jure, moi, que je n’en sais rien.

— Veux-tu me jurer aussi que tu n’as pas reçu lord Hosborn hier dans la matinée ? Voyons, jure !

— Je l’ai vu. Est-ce que cela t’offense, que tu parais si agitée ?

— Il t’a demandée en mariage, je le sais !

— Est-ce lui qui te l’a dit ?

— C’est sa mère. Il est maniaque, tu sais ! c’est une espèce de fou, et sa mère est une bête achevée. Elle est venue, il y a deux jours, me trouver dans ma chambre pour me dire qu’elle voulait absolument me faire épouser son fils, et qu’elle était sûre d’y réussir si j’y consentais. J’ai beaucoup ri, elle a insisté. J’ai dû répondre que je ne refuserais peut-être pas. Or, ce matin, elle m’apprend que son fils s’absente, qu’il est parti pour ne plus me compromettre, vu que c’est de ma sœur qu’il a fait choix. J’ai trouvé toute cette manière de procéder si absurde, si blessante pour moi, si peu sérieuse, que j’ai pris la poste à l’instant même. Me voici, mais pour vingt-quatre heures, je t’en avertis. Je ne veux pas exiler lord Hosborn de sa maison, je ne veux pas gêner ses projets, ni attrister ton beau mariage par mon dépit, car j’ai un dépit mortel, je ne le cache pas ; j’ai été jouée et offensée : lord Hosborn m’a fait la cour, il le nierait en vain, tout le monde l’a remarqué et déjà on me faisait compliment. Il est fâcheux d’avoir une sœur si belle, si intelli-