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fallait retomber du faîte de mes illusions ! Sarah parcourait gaiement ces sentiers où, pour la première fois, elle avait entendu le violon magique. Elle était heureuse, elle ne se souvenait pas ! Nous étions arrivés à l’endroit où j’avais chanté la Demoiselle. Ma surprise fut grande d’y trouver un énorme bouquet de fleurs posé avec soin à la place précise où j’étais assise avec Sarah lorsque Abel m’était apparu. C’était un bouquet tout blanc, mais composé des fleurs les plus rares et les plus nouvellement connues. Mon père le prit et le regarda avec admiration, puis il s’écria avec surprise :

— Ce n’est pas un bouquet oublié par quelqu’un, c’est un bouquet pour vous, ma fille ; prenez-le, votre nom est sur le ruban.

De qui me venait cet hommage ? Abel était bien loin, et sans doute, s’il pensait encore à moi, il ne se flattait pas de me rattacher à lui. Je questionnai le vieux jardinier qui, vous vous en souvenez, demeurait à deux pas de là.

— J’ai vu, me dit-il, déposer cela, il y a une heure, par une espèce d’ouvrier que je ne connais pas ; j’ai été regarder ce que c’était, me promettant de vous le porter ce soir, si vous ne veniez pas aujourd’hui vous promener ici. Il ne faut pas que ça vous étonne : vous avez rendu tant de services et fait tant de bien, que les pauvres gens pensent à vous et souhaitent vous faire plaisir. Il n’y a qu’une chose qui m’étonne, moi ! c’est qu’un ouvrier ait