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père attendait avec une fierté impassible la conclusion du discours.

— Désirez-vous savoir, reprit lord Hosborn, ce que j’ai répondu à ma mère ?

— Il nous importe de le savoir, répondit mon père.

— Eh bien, le voici mot pour mot. « Ma chère mère, je serais fort honoré de devenir le gendre de M. Owen, qui a été un très-grand avocat, et dont l’honorabilité vaut tous les millions que je possède. Madame de Rémonville est charmante et bien capable de faire tourner une tête solide ; mais elle est veuve d’un homme… qui ne m’était pas sympathique, et j’aurais quelque effort à faire pour oublier cette circonstance. La chose ne serait pourtant pas impossible, si j’étais épris d’elle passionnément : elle ne m’a point encouragé à m’éprendre ainsi, car elle est coquette (en tout bien tout honneur), et je crains maintenant cette nuance du caractère féminin, pour en avoir beaucoup souffert. La femme que je pourrais aimer serait tout l’opposé : elle serait simple, réservée, calme ; elle ressemblerait à une personne que j’ai vue trois fois seulement, mais qui a présenté à mes yeux l’image du beau, du bon et du vrai. C’est une jeune fille timide de manières avec un courage moral immense, une enfant qui s’est immolée pour les autres, qui dans l’épidémie de ce printemps, a exposé cent fois sa vie, après s’être ruinée pour sauver l’honneur du nom que porte sa sœur… »