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plains pas, elle est la gaieté de notre maison et l’idole de ma mère ; mais j’ai eu, hier, avec ma mère précisément, un entretien qui est cause que me voici chez vous ce matin.

— Nous vous écoutons, milord, lui dit mon père avec un accent de dignité devant lequel notre hôte s’inclina.

— Voici, reprit-il, ce que ma mère me disait : « Madame de Rémonville est une perle fine, aussi a-t-elle bien des envieuses, et je crains qu’on ne s’acharne après elle à cause de vous, comme on a fait pour la pauvre d’Ortosa. On lui reproche de quitter sa famille, et j’ai cru remarquer que sa famille en souffrait. Le digne M. Owen, que l’on m’avait dépeint si enjoué et si vivant, est triste et méfiant chez nous. Miss Owen, qui a un si beau talent, à ce qu’on dit, et qui ne se fait prier nulle part, n’a pas voulu se faire entendre ici, et elle est visiblement affectée quand elle y est. On la dit très-austère, et je suis sûre qu’elle a peur de vous pour sa sœur. Il me semble à moi, ajouta ma mère, que madame de Rémonville ne vous est pas indifférente. Je ne vois pas pourquoi vous ne l’épouseriez pas, puisque vous avez trente ans, c’est-à-dire l’âge auquel tous les hommes de notre famille se sont fait une loi invariable de s’établir. »

Lord Hosborn s’arrêta comme pour nous regarder avec attention. J’avais les yeux baissés, mon