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étiez. Ayez le courage de ne pas vous montrer encore. Faites provision de sagesse, ou cherchez l’objet de vos affections sur un théâtre moins exigeant.

Elle eut un sentiment de méfiance.

— On dirait, s’écria-t-elle, que vous souhaitez me voir déchoir, épouser un bourgeois, un artiste peut-être !

— Un artiste ? Pourquoi non, après tout ?

— Il en est un, un seul que j’eusse aimé, Abel ; mais il m’a outragée en repoussant le mariage

— À présent qu’il est libre, essayez.

— Non, il est trop tard, je ne l’aime plus. Je ne le ramènerais à moi que pour me venger de ses dédains.

— Mademoiselle d’Ortosa, lui répondis-je, vous n’êtes pas corrigée ! Prenez garde de ne pas guérir.

— C’est vrai, dit-elle en passant ses mains sur son front jauni avec une sorte de colère contre elle-même ; comment donc faire pour être patiente, douce et généreuse comme vous ? C’est la force, cela, c’est la santé, la beauté, l’éternelle jeunesse, car vous avez bien souffert aussi, vous, et il ne s’est pas creusé le moindre pli à votre front ; moi, j’ai déjà des cheveux blancs, et je vais être obligée de les teindre !

Elle s’agitait pour être tranquille ; ce n’était guère le moyen d’y parvenir. Pourtant l’absence d’émotions extérieures et la monotonie de mes