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coûtait avec une grande avidité. Elle essaya une ou deux fois de me parler d’Abel pour le justifier. Je lui répondis que je n’avais pas renoncé au mariage pour les raisons qu’elle supposait, que j’avais aimé et regretté Abel, mais que je croyais devoir être plus utile et plus digne dans le célibat.

Elle ne croyait pas cela pour son compte, elle désirait vivement se marier depuis qu’elle avait été partagée entre son goût pour un artiste et son espoir d’épouser un personnage. Elle en vint à me laisser voir que sa continence, promenée au milieu des excitations de tout genre, lui avait porté au cerveau plus que tout le reste. Elle me confia plusieurs projets qu’elle avait eus et repoussés, mais auxquels elle pourrait bien revenir, entre autres lord Hosborn, son hôte du Francbois. C’était, disait-elle, un très-galant homme, qui l’avait toujours défendue et fait respecter, bien qu’il eût été déçu dans sa passion pour elle. Il ne me semblait pas que ce personnage lui eût conservé une affection bien vive ; cependant je m’abstins de lui donner un avis où ma compétence pouvait être en défaut. Je vis naître en elle la velléité de remonter sur la brèche à l’idée que ma sœur pouvait bien avoir le dessein d’accaparer lord Hosborn. Je la vis même s’exalter un peu et revenir à ses plans de séduction. Je lui présentai un miroir en lui disant :

— Voyez ! vous êtes mieux qu’en arrivant ici, mais il vous faut encore un an pour redevenir ce que vous