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ces enfants, je suis du moins absolument certain de n’être pas le seul qui puisse prétendre à cette paternité. Je ne sais pas si vous me comprenez, et je suis désolé que cette explication provoquée par vous me force à vous parler comme si vous étiez une mère de famille. N’y revenons plus, vous savez tout. Prenez conseil de votre père, dites-lui la vérité ; mais, avant de la dire à votre sœur, réfléchissez. Je sais qu’elle m’aime assez pour m’épouser malgré mes crimes (il prononça ce mot d’un ton de raillerie qui me déplut), mais j’ignore si elle est assez forte pour vivre heureuse avec ce levain de jalousie rétrospective dans l’esprit.

Je consultai mon père en effet. Il savait l’histoire de son futur gendre et ne s’en alarmait pas autant que moi. Énergique et sincère comme il l’était, il croyait peut-être un peu trop à la force et à la sincérité des autres.

— Je connais, me dit-il, la situation de Rémonville. Il y a déjà quelque temps qu’il a rompu avec cette compagne dont il a trop subi l’influence, elle l’a beaucoup exploité et trompé ; mais, le jour où il l’a reconnue méprisable, il l’a quittée sans retour. Quant aux enfants, dans le doute, il a agi en galant homme, il a pourvu à leur existence. Beaucoup d’hommes du monde ont eu des situations analogues, ma chère Sarah, et il serait bien difficile, dans le temps où nous vivons, d’en rencontrer un qui, à trente-deux ans, aurait su faire un usage parfaite-