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ne doutais pas de lui, je savais qu’il me tiendrait parole ; mais j’avais été trop heureuse, je ne pouvais me retrouver seule sans subir une crise violente où la réflexion n’entrait pour rien.

Quand j’arrivai à la station de Laifour, une vive surprise m’attendait. Ce fut mon père qui me donna la main pour descendre. Il était arrivé depuis quelques heures et s’inquiétait de mon absence ; mais on lui avait dit que je comptais ne me promener que trois jours au plus, et il avait espéré me voir arriver par le convoi du soir. Je n’eus pas le temps de lui dire tout ce que j’étais résolue à lui confier. Il m’inquiéta et me fit bâter le pas en me disant que ma filleule était souffrante. C’était la cause de son retour un peu devancé, et ma sœur ne venait pas au-devant de moi pour ne pas quitter l’enfant. Je sentis que mon père atténuait la vérité, et que la petite était tout de bon malade. Je me jetai avec lui dans le bateau, et pressai Giron de traverser.

Je trouvai Adda inquiète et comme glacée à mon égard.

— Tu te promènes seule, c’est fort bien, me dit-elle ; mais nous ne sommes pas gais, nous ! La petite a été prise là-bas d’une bronchite effrayante. On nous a prescrit le changement d’air au plus vite. La toux est apaisée en effet, mais la fatigue lui fera, je le crains, plus de mal que ne lui eu eût fait la maladie.

Je courus au lit de l’enfant ; elle avait la fièvre. Le