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déjà donné des ordres pour notre départ et me priait de fixer l’heure.

Puisqu’il y avait quelque espoir de ne pas ébruiter notre aventure, j’aimais mieux n’arriver à Givet que le soir, afin d’y prendre le chemin de fer sans avoir à entrer à l’hôtel.

— En ce cas, reprit-il, il nous faut rester ici jusqu’à trois heures. Est-ce que vous vous y résignerez sans regret ?

— Mon ami, lui dis-je en lui prenant le bras, ne gâtons pas cette belle matinée par le souvenir des folies d’hier. Nous avons été insensés tous les deux, convenez-en ! Vous avez fait le projet de m’enlever, et c’est ma faute, car je vous ai effrayé d’une pure rêverie. Sur la foi de mademoiselle d’Oriosa, qui eût dû m’être suspecte, j’ai voulu supposer que ma sœur vous aimait. Que voulez-vous ! cette bizarre personne que j’ai vue dernièrement m’avait troublé l’esprit, et, depuis ce jour-là, j’ai souffert plus cruellement que jamais. J’aurais dû vous croire hier quand vous me disiez qu’il y avait là une misérable intrigue, et que ma sœur n’était pas capable d’une passion sérieuse. S’il ne s’agit, comme je dois le penser, que d’un accès de coquetterie, il est impossible que cela ait l’importance d’un obstacle entre nous, et je vous jure que devant un simple caprice j’aurai la force de défendre mon indépendance. J’ai revu, en m’éveillant, notre situation bien plus nette qu’elle ne m’était apparue hier dans