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— C’est probable, répondit-il, il y a une heure que le cocher est perdu ; mais voici qu’on voit à se conduire, il se retrouvera. Il est du pays, et nous ne pouvons pas être bien loin d’un endroit habité où il se renseignera.

Bien que la route devînt de plus en plus dangereuse et pénible, je ne pouvais avoir peur auprès d’Abel. Nous marchâmes encore une heure, et, quand nous nous arrêtâmes, nous étions à dix lieues de Givet ; les chevaux, harassés, ne pouvaient aller plus loin. Nous étions dans un petit village de marbriers, au fond d’une gorge, à la porte d’une auberge très-rustique.

— Je me reconnais, dit Abel en sautant à terre, c’est la gorge d’Antée à Astières, j’y suis passé autrefois. Cette auberge est propre, et vous n’y manquerez de rien. Allons, mon amie, vous avez besoin de repos ; il faut nous arrêter ici.

— Pourquoi nous arrêter ? lui dis-je. Je ne suis pas fatiguée, et nous pouvons trouver ici des chevaux.

— Des chevaux pour aller où ? demanda l’hôtesse, qui m’aidait à descendre.

— À Givet, répondis-je.

— Oh ! cela, non, dit-elle en joignant les mains ; nous n’avons que des chevaux pour le travail des carrières, et ils ne vont ni loin ni vite. À aucun prix, vous n’en trouverez chez nous.

— Allez donc voir, dis-je à Abel.

— Entrez toujours, répondit il, je vais m’informer.