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avait rapportée de Russie, et, quand nous fûmes en route, il me dit :

— Parlons raison, ma bien-aimée Sarah. Votre sœur ne consentira jamais de bonne grâce à votre mariage avec moi. Il faut que vous ayez le courage de lutter : si vous ne l’avez pas, je suis perdu.

— Eh bien, oui, répondis-je, il faut parler raison. Il faut que vous me donniez plus de détails sur vos relations avec ma sœur à Nice.

— Je vous ai tout dit, sauf qu’elle est aussi coquette que capricieuse.

— Coquette ! Voyons, dites-moi tout ce que vous pensez d’elle. Je la justifierai, mais après avoir écouté toutes vos accusations.

— Eh bien, sachez tout, il le faut. La dernière fois que je l’ai vue, c’est avec moi qu’elle a été coquette. Il y a là-bas une certaine aventurière du grand monde qui s’appelle mademoiselle d’Ortosa.

— Je la connais ; que pensez-vous d’elle ?

— Je pense qu’elle est dévorée de la vanité d’éclipser toutes les autres femmes et de tourner la tête à tous les hommes

— Et elle y réussit ?

— Elle y réussit ; mais elle a échoué avec moi. Voici ce qui s’est passé il y a huit ou dix jours : j’avais eu un grand succès, j’étais à la mode. Mademoiselle d’Ortosa me fit inviter par sa parente, la comtesse d’Ares, prendre le thé chez elle « en petit comité ». Il y avait deux cents personnes !