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gros villages ou dans de vastes groupes d’usines. On se demande comment on peut ensemencer et récolter avec de telles distances à franchir et tant de hauteurs à grimper. Quand de ces hauteurs on embrasse l’horizon, les distances entre les villages vous frappent encore plus. Le peu de place qu’occupe l’homme y est sans aucun rapport avec l’incommensurable domaine de son travail.

À mesure qu’on descend vers le vallon de la Lesse, le paysage change. On quitte les grandes vues, le découvert immense, pour retrouver une Meuse en miniature, d’étroites prairies, des ravins et des rochers abrupts, un ruisseau clair et rapide, de beaux arbres, des bruyères, des bosquets de frênes et de mélèzes.

Je descendis à la rustique auberge de Han, où je fus servie avec la brillante propreté, l’abondance et le bon marché qui règnent dans tout le pays. Je demandai le guide, il était absent ; personne ne voulut le remplacer. On ne visitait pas les grottes à ce moment de l’année. La Lesse y faisait de grands ravages tous les hivers ; il fallait, à chaque printemps, des travaux pour rendre les passages praticables, et ces travaux n’étaient pas terminés. Ne voulant pas être venue pour rien, je demandai à voir au moins le trou du rocher où la Lesse s’engouffre. Rien n’était plus facile ; c’était à une demi-heure de marche, et le premier enfant venu pouvait m’y conduire.