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vais y conduire ma petite Sarah. Je résolus de mettre à profit le temps où j’étais seule et d’aller voir des grottes très-curieuses dont mon père m’avait parlé avec admiration. J’avais une tendance à choisir le but le plus difficile et les aspects les plus frappants. Je me rendis donc à Givet, en moins d’une heure, par le train le plus matinal ; j’y louai une voiture et me fis conduire au village de Han, dans la province de Namur. J’y arrivai en trois heures à travers ce beau pays wallon qui tranche d’une manière si frappante avec les paysages anguleux et fermés de nos Ardennes françaises. Ce pays au contraire est le pays ouvert par excellence. Il a un aspect de franchise et de sérénité. C’est une région de collines mamelonnées sur de vastes ondulations nues et battues d’un air vif. L’approche du printemps couvrait ces grands espaces de la riche verdure des jeunes blés, et les parties plus arides qui en marquent parfois le faîte étaient revêtues de l’herbe fine des pâturages. Une atmosphère changeante, tantôt chargée de vapeurs, tantôt balayée par de fortes brises, irisait des nuances les plus fines cet océan végétal dont les vagues semblent escalader paisiblement le ciel.

Ce riche pays, admirablement cultivé, étonne par la solitude qui y règne. On y marche des heures entières sans approcher d’une habitation. Il n’y a pas de maisonnette isolée ; la chaumière n’existe pas. Toute la population est concentrée dans de