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entendu ce qu’il me disait, vous en êtes bien sûre.

— J’ai entendu, reprit-elle vivement, qu’il vous appelait sa fiancée, et que vous ne le lui défendiez pas.

— Soit ! Dites-le. Je n’ai à rougir de rien, et il n’y a pas dans ma vie une pensée que je doive me reprocher. Sans doute c’est une chose blessante, cruelle, odieuse, de voir le public entrer dans les pudeurs de votre âme, fouiller dans votre conscience, vous demander compte de vos pensées et de vos sentiments ; mais je préfère ce malheur à la soumission devant une menace. Je ne vous demande donc pas le secret, et ne veux rien vous promettre. Je ferai ce qui me conviendra, faites ce qui vous conviendra également.

Elle s’arrêta pour me toiser de la tête aux pieds d’un air de défi où il entrait quelque chose comme de la haine ; mais elle était plus irritable que méchante, et peut-être trouvait-elle dans sa dévorante personnalité le dédain et l’oubli des résistances d’autrui. Son œil s’éclaira brusquement d’une gaieté caressante.

— Vous êtes, je le vois, dit-elle, une enfant terrible ! Qui se serait douté de cela ? Je savais bien que vous étiez une personne supérieure, mais je vous aurais crue plus craintive devant l’opinion. Allons ! c’est bien, je vous aime ainsi, et me voilà décidée à être votre amie. Ce n’est pas peu dire, cela, ma chère ! Je suis amie comme un homme,