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a joué des variations sur un motif qui a fait fureur dans le Midi, et que tout le monde chante à présent. Le connaissez-vous ? Cela s’appelle La Demoiselle. Vous ne me répondez pas ? C’est par modestie ! Votre sœur nous a dit que ce motif était de vous. Il paraît que vous êtes grande musicienne.

— On dit cela de vous aussi, lui répondis-je.

— On se trompe. J’aime la musique avec passion, je m’y connais ; je sais ce qui est beau, et voilà tout.

Je lui parlai musique pour rendre la conversation moins personnelle, et lui demandai ce qu’elle préférait ; elle me répondit si sottement, que je vis qu’elle n’y entendait rien. Je l’entretins alors des plaisirs qu’elle goûtait au Francbois ; on m’avait dit que l’équitation et la chasse étaient ses délassements favoris.

— Mon Dieu, reprit-elle, j’aime tout ce qui est actif et fait sentir la vie avec intensité. Sous ce rapport-là, je suis bien d’accord avec votre sœur. Cette chère enfant s’ennuie à la campagne parce que, dit-elle, vous êtes très-isolées ; mais il n’y a pas si loin de chez vous au Francbois. Voyez, je suis venue à cheval, sans me presser, en trois petites heures par cette vieille route qu’on appelle le chemin des Ardennes. C’est superbe, des points de vue magnifiques ! Je me suis reposée à une bergerie qui a l’air d’un paysage suisse. Pourquoi donc ne venez-vous pas chez lord Hosborn ? Je sais que