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pas à vous tromper. Abel ne vous a pas été fidèle dans toute l’acception du mot : son cœur vous a gardé exempte de rivalité ; mais sa nature fougueuse et le peu d’importance qu’il attache aux aventures qui viennent le trouver…

— C’est assez, je n’ai pas le droit de savoir cela ; je ne veux rien savoir !

— Vous avez tort, il vaudrait mieux savoir et accepter le passé, le présent même, afin de changer et de sauver l’avenir.

— Vous croyez possible l’avenir tel que j’aurais. le droit de l’exiger ?

— Oh ! cela, parfaitement.

— Vous avez la foi !

— Oui, parce que j’aime Abel, et si vous l’aimiez…

— Ainsi vous me croyez plus coupable que lui ?

— Oui, si vous persistez à ne pas vouloir qu’il s’explique et se justifie. Voyons ! vous le croyez incapable de mentir, n’est-ce pas ? soyez logique. Vous dites que les infidélités prévues, supposées, possibles et probables n’eussent point tué votre affection durant l’année d’épreuve ? Ce qui vous a causé une invincible répugnance, c’est d’avoir presque assisté à une de ces chutes grossières qu’une femme pure comme vous ne peut oublier. Si cela n’est pas arrivé, si vous vous êtes trompée, lui pardonnerez-vous beaucoup d’autres fautes que vous ne pouvez ni ne voulez constater ?