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— Qu’importe ? répondit-elle. Ce qui me reste est bien suffisant pour ma toilette et l’entretien de mes enfants. Sarah est toujours riche, Dieu merci ! et je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas un bel appartement à Paris, un équipage convenable et une société choisie. Elle me prendra en pension chez elle, je ne lui coûterai rien, et je profiterai de son bien-être.

Il me fallut lui avouer que j’étais désormais moins riche qu’elle de moitié, et qu’à nous deux nous ne pouvions former un revenu suffisant pour la vie qu’elle voulait mener. J’étais devenue une mère de famille experte et un bon comptable. Je savais qu’il nous fallait, mon père et moi, vivre à la campagne dans l’honnête aisance que j’avais introduite à Malgrétout, et n’avoir à Paris qu’un très-modeste pied-à-terre pour y aller passer, le moins souvent possible, le moins de temps possible. Elle voulut savoir où avait sombré ma fortune ; je ne voulus pas le lui dire, sa fierté en eût trop souffert. Je lui répondis qu’un placement désastreux m’avait dépouillée. Elle en prit beaucoup d’humeur.

— Je vois, dit-elle quand nous fûmes seules, que je suis encore la plus riche et la plus raisonnable, puisque je n’ai pas fait de folies pendant qu’on en faisait autour de moi. Tu as aimé l’argent, ma pauvre Sarah, et tu en as été punie ! Tu as voulu augmenter ton capital, faire des affaires, et te voilà