Page:Sand - Malgretout.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Là ! lui dis-je en lui montrant Sarah qui courait et le baby que l’on promenait sur la pelouse. Il ne s’agit pas d’eux, il s’agit de ton mari.

— Ah ! bien, reprit-elle. Il m’a trompée, il m’a fait signer je ne sais quoi… Il me ruine, n’est-ce pas ? et cela pour une indigne créature qui fait profession de dépouiller les fils de famille et les gens bien mariés ! Je ne l’ignore pas, allez ! Vous venez me gronder de ma faiblesse ? Que voulez-vous ! j’ai peur de lui, je n’aime pas les discussions d’argent…

En découvrant qu’elle savait le fond des choses, nous prîmes courage, mon père et moi, et, après les préambules nécessaires, nous l’amenâmes à accepter comme probable son prochain veuvage.

— Pardonnez à votre mari, ajouta mon père, il est presque certain qu’il n’aura plus de torts envers vous. Nous venons donc, non pour l’accuser ni pour vous gronder, mais pour vous accompagner, car vous devez partir.

Elle tressaillit, nous regarda avec effroi et s’écria :

— Dites- moi la vérité, il est mort ! Cette femme l’aura fait assassiner !

Je ne sais si elle entendit, si elle comprit ce que nous lui répondions ; elle eut une attaque de nerfs et parut comme folle toute la soirée. Je la veillai durant la nuit ; elle m’accablait de questions et n’écoutait pas mes réponses. Par un pressentiment logique, elle ne pouvait accepter cette mort subite