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j’étais qu’en rompant d’une façon éclatante avec M. de Rémonville.

» Rémonville entra dans un accès de fureur et de désespoir.

» — Toute la matinée, s’écria-t-il en lui montrant un pistolet sur son bureau, je me suis demandé si je survivrais à votre ingratitude ; ne la consommez pas, ou je me tue devant vous !

» — Vous feriez une sottise, répondit-elle froidement. Votre suicide serait l’aveu complet de votre honte. Vous n’avez qu’un moyen de vous sauver : retournez à votre femme, demandez-lui pardon et vivez près d’elle, loin de Paris, le plus loin possible. Ne vous battez en duel avec personne, ce serait accuser et publier l’affront que vous avez reçu devant un petit nombre de témoins, et que ceux-ci auront la charité de taire, si vous réparez vos torts en disparaissant.

» Rémonville rejeta avec fureur l’idée de se séparer de sa maîtresse. Pour lui, tout le déshonneur, toute la honte était d’être quitté par elle. Il était insensible à tout le reste.

» Je ne sais plus ce qu’elle dit, continua Cléville, je voyais monter l’exaspération de Rémonville. Sa figure était effrayante ; je cherchais à lui ôter le pistolet des mains ; je suppliais sa maîtresse de l’épargner.

» — Laissez donc ! répondit-elle, je connais cette scène-là. Il me l’a déjà faite dix fois ;