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sion était dévoré sans qu’elle s’en doutât. Adda se méfiait pourtant un peu du remploi promis ; elle demanda à me consulter.

— Eh bien, allez, répondit sèchement Rémonville, et dépêchez-vous, car vos malles ne sont pas encore faites, et nous partons dans deux heures.

J’ignorais le fond du cœur d’Adda : elle m’avait toujours laissé croire qu’elle aimait son mari et s’ennuyait de ne pas vivre plus souvent près de lui. Elle savait son infidélité, elle en avait pris son parti, elle ne l’aimait plus. Elle ne désirait donc nullement retourner à Paris, et elle avait encore, pour rester près de moi, une raison que j’ai sue plus tard. Elle transigea donc avec son mari, signa l’acte qui la dépouillait d’une partie de ses biens, et il partit seul.

Huit jours s’écoulèrent sans m’apporter aucune nouvelle des deux artistes. Nous n’entendîmes point dire qu’il fût question d’organiser le moindre concert à Givet ou ailleurs. Je pensai qu’ils avaient continué leur route jusqu’à Bruxelles ; mais pourquoi Abel, qui disait ne pas vouloir me perdre de vue, ne me tenait-il pas au courant de ses projets ? Au bout de la semaine, je reçus de Nouville la lettre suivante :


« Chère et vénérée miss Owen, apprenez une nouvelle grave, et préparez votre sœur à l’apprendre. M. de Rémonville est mort aujourd’hui à une