Page:Sand - Malgretout.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je comprends, dit-il ; vous voulez vous marier prochainement ?

— Que vous importe ? répondis-je.

— Il m’importe beaucoup, si c’est un joueur de violon que vous comptez épouser. Je ne puis m’y opposer, mais je ne souffrirai pas que ma femme et ma fille acceptent cette parenté. Nous sortirons de chez vous pour n’y jamais rentrer, pour ne jamais vous revoir, le jour où vous nous annoncerez ce beau mariage.

— Je comprends aussi fort bien ! répliquai-je ; vous comptez exploiter ma tendresse pour ma sœur et pour ma nièce, et, si je vous donnais les cent mille francs dont vous avez besoin, vous ajourneriez vos menaces, sauf à les renouveler en présence de nouveaux besoins d’argent que j’hésiterais à satisfaire. Et vous iriez ainsi jusqu’à ce que, n’ayant plus rien, je pusse disposer de moi-même comme bon me semblerait sans vous offenser.

— Vous me prenez, s’écria-t-il en pâlissant d’une manière effrayante, pour le dernier des misérables !

— Je vous prends pour un fou, qu’une détestable passion domine et rend capable de tout ; mais vous ne me ferez pas oublier ce que je dois à l’avenir de mon père et de ma sœur.

— Et à celui du fortuné musicien…

— Taisez-vous ! je vous défends de me railler, si vous ne voulez que je vous écrase de mon mépris.