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— Mais vous n’aimez pas la musique ? objecta mon père.

— N’importe, je verrai du monde, je changerai de place. Le médecin m’a permis aujourd’hui de sortir. Il fait beau, le concert a lieu à une heure, nous serons rentrés avant le coucher du soleil.

J’étais résolue à ne point aller à ce concert, et l’idée de m’y trouver en contact avec les regards et les observations de ma sœur m’eût confirmée dans cette résolution. Elle le devina bien, car elle mit une ardente insistance à s’y rendre ; elle déploya toutes ses séductions, caressa tendrement le cher papa qui l’avait grondée, disait-elle, à propos de ces artistes, mais qui devait lui avoir pardonné, puisque depuis, ce jour néfaste, elle avait été bien sage, et s’était abstenue de toute critique contre les personnes absentes ou présentes. Mon père dut céder ; mais il voulait m’emmener aussi. Je n’avais pas entendu Abel et Nouville marier leurs divins accords, comme disait Adda, et il ne comprenait pas que je pusse hésiter. Je prétendis ne vouloir pas quitter les enfants en même temps que leur mère. Futile prétexte, selon Adda. Le baby n’avait besoin que de sa nourrice, et la petite Sarah pouvait fort bien venir avec nous. Sarah s’écria aussitôt qu’elle voulait courir en chemin de fer, c’était pour elle une fête.

Je fus forcée de transiger. Je promis d’accompagner mon père et ma sœur avec Sarah jusqu’à