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toujours à louer sa bonté, son égalité d’humeur, le charme de son caractère, sa complaisance inépuisable.

— Que voulez-vous de plus ? disait-il. Il a les grandes qualités qui font l’éclat de la vie, et les dons charmants qui font les joies de l’intimité. Pourquoi hésiteriez-vous ? Je ne le comprends pas.

— Parce que tant de mérite entraîne nécessairement des exigences légitimes en fait de bonheur. J’ai peur de moi, je vous jure, et vous devez me comprendre, vous qui êtes resté longtemps obscur, avez-vous dit, faute de confiance en vous-même.

— Oui, je comprends ; mais Abel est venu dans ma vie comme un astre lumineux dans la nuit sombre, et il m’a réchauffé de ses rayons. Il m’a donné confiance. Comment échouerait-il avec vous quand il a réussi avec moi ? C’est donc que de parti pris vous résistez à son influence ?

— Non, répondis-je, je ne résiste pas, je ne veux plus résister, car je sens bien que je l’aime, et que, si je devais l’oublier, je ne le pourrais pas.

— À la bonne heure ! s’écria Nouville en me serrant la main ; voilà une belle et bonne parole. Ne la reprenez pas, vous vous en repentiriez toute votre vie !

Nous retrouvâmes mon père seul au salon. Il paraissait triste et comme accablé ; j’en fus inquiète. Je l’interrogeai vivement.

— Ce n’est rien, me dit-il tout bas ; un peu de