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bonnet goudronné et les guêtres de pêcheur. Vrai, ça n’est pas joli !

— Vous l’avez vue ainsi ? dit Erneste.

— Non ! il n’y a qu’elle au monde pour être dehors par les gros temps ; mais j’ai vu sur l’album d’un amateur de notre connaissance un croquis fait de mémoire, un jour qu’il avait rencontré Célie sur le rivage, au retour d’une de ses expéditions. C’était une vraie caricature de la voir ainsi, et ça m’a fait beaucoup de peine.

— Comme vous êtes bonne ! observai-je d’un ton sérieux dont personne ne fut dupe.

On changea de conversation, et les demoiselles se rendirent au jardin.

Dès qu’elles furent sorties, madame de Malbois reprit la parole.

— Ne croyez pas, dit-elle à ma tante, que je blâme mademoiselle Merquem de se costumer d’une manière excentrique. Je ne pouvais pas tout dire devant nos filles. Je souffre des imprudences d’une personne que j’aime et que je crois très-estimable en dépit de la calomnie.

— Si elle ne fait pas d’autre imprudence, reprit ma tante, que celle d’exposer sa vie ou tout au moins sa santé pour sauver des naufragés, j’avoue que je ne m’associerai pas au courage que vous mettez à la blâmer.

— Je vois, reprit madame de Malbois, que vous n’avez pas entendu parler de l’aventure de l’enfant.

— Racontez-la, dit ma tante avec un peu d’aigreur, vous en mourez d’envie. Quant à moi, je veux la savoir pour y trouver quelque nouveau motif d’estimer mademoiselle Merquem.