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» Après quelques semaines passées à Vichy avec ma mère, je tins la parole que j’avais donnée. Je rompis avec la vie de désordre, et je devins l’homme raisonnable et honnête que je suis aujourd’hui. Je m’attendais d’abord à en mourir d’ennui ; cela n’arriva point. Ma mère voyait mademoiselle Merquem, et elle venait chez nous. Célie avait dès lors adopté le genre de vie uniforme et retiré qu’elle a toujours conservé depuis. Une solitude absolue tous les jours de la semaine sauf un, qu’elle consacrait à ses visites intimes, et la soirée du dimanche, qui rassemblait ses amis chez elle. Il ne me fut donc jamais permis de retrouver une heure de tête-à-tête ; mais elle devint une liaison solide et sérieuse. Quand ma pauvre mère, guérie en apparence pendant quelques années, fut reprise du mal auquel elle succomba, mademoiselle Merquem vint s’installer chez nous pour la soigner nuit et jour. Elle fit cela d’elle-même, sans pruderie et sans ostentation, et j’aurais eu alors l’occasion et la facilité de lui faire la cour, si ma tristesse et mes inquiétudes m’eussent permis de songer à moi-même ; mais cela était impossible, et Célie le savait bien, car elle ne me fit pas l’injure de s’en inquiéter un seul instant. Elle me rendit avec usure ce que j’avais fait pour son grand-père ; elle ne quitta pas le chevet de ma pauvre malade, et elle adoucit ses derniers moments avec un courage et un dévouement admirables.

» Quand j’eus la force de la remercier :

» — Vous ne me devez rien, répondit-elle ; c’est moi qui vous devais cela. À présent que vous avez reconquis l’estime et l’affection de tous ceux qui vous connaissent, vous devez trouver tout simple que