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votre amitié, j’ai mérité de la perdre ; mais il ne faut pas que mes torts soient expiés par un vieillard qui vous aime et qui souffre de votre abandon. Revenez, et vous aurez droit à la reconnaissance, j’ose dire à l’affection de

» célie merquem. »

En me montrant cette lettre, le bon sire de Montroger tremblait et essuyait une larme furtive.

— En recevant ceci, continua-t-il, j’oubliai mon dépit, et, une heure après, j’étais à la Canielle. L’amiral me tendit les bras, et, en me voyant baiser avec effusion la main de Célie, il crut que tout était oublié, et qu’il pouvait reprendre ses projets où il les avait laissés ; mes parents le crurent aussi, et on se revit presque tous les jours comme auparavant.

» Cette situation fut bien cruelle pour Célie et pour moi. Elle avait plus que jamais l’horreur du mariage, et, quand devant elle nos parents s’entretenaient de l’espérance du nôtre, son regard triste et suppliant en appelait à moi comme au seul appui qu’elle eût pour la préserver de moi-même. Je souffrais mortellement d’attirer sur elle cette persécution ; mais, quand je cherchais à la détourner en disant que je ne voulais rien demander, en de telles circonstances, à son cœur brisé et consterné, l’amiral s’emportait et prétendait qu’elle avait exigé de moi cette soumission humiliante.

» Nous ne nous parlions cependant jamais, elle et moi ; cela eût été bien inutile. Je voyais clairement sa répugnance malgré les témoignages d’estime qu’elle me donnait. De son côté, elle savait bien que je ne me