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sent n’importe quoi. Eh bien, on n’a rien à lui pardonner, et cela fait enrager les personnes méchantes.

— Y en a-t-il ici ?

— Il y en a partout ?

— Daignez m’en citer une. Je voudrais entendre dire du mal de mademoiselle Merquem… pour changer.

— À votre aise. Vous verrez comme c’est bête, le mal qu’on lui impute ! Mais, sans vous donner tant de peine, vous pouvez être renseigné par moi tout de suite. Regardez vis-à-vis de nous madame de Malbois. Elle a une fille charmante… cette petite brune qui était là tout à l’heure auprès de moi. Elle a voulu la marier avec Montroger ; elle a remué ciel et terre pour cela. Mademoiselle Merquem elle-même s’y est employée, bien qu’elle n’aime guère ces commissions-là. Impossible ! À présent, la Malbois, qui est envieuse et ingrate, prétend que mademoiselle Merquem l’a trahie, que c’est une coquette consommée qui veut régner sans partage sur tous les cœurs, qu’après tout on ne sait rien de ses relations avec Montroger, et qu’un beau jour on découvrira peut-être une liaison mystérieuse entre eux. Voilà ce que disent toutes celles qui ont eu des prétentions sur Montroger pour leur compte ou pour celui de leurs filles ; mais ces mèches-là sont éventées. Mademoiselle Merquem ne s’en soucie pas et fait semblant de les ignorer. Les gens sages lui savent gré d’endurer avec patience et philosophie) les inconvénients attachés à la position exceptionnelle qu’elle a choisie.

On passa enfin au salon, et je pus voir en pleine lumière la figure de mademoiselle Merquem. Cette figure et toute la personne semblaient repousser naturellement le mensonge. Ses traits accusaient bien trente