Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/313

Cette page n’a pas encore été corrigée

douter de la sympathie d’Erneste pour lui et promit de la consulter, remettant son propre consentement à une époque assez éloignée pour qu’on pût s’assurer de la guérison qu’il annonçait comme un fait accompli. Il donna sa parole d’honneur de ne mériter aucun reproche pendant cette épreuve.

Il tint parole ; il ne reparut pas à la Canielle ni aux environs jusqu’au jour où Célie lui fit dire qu’elle le recevrait avec plaisir comme ses autres amis. Il vint en visite, Erneste ne se montra pas au salon ce jour-là. Il s’enquit respectueusement de la santé de Célie, lui baisa la main comme de coutume, serra la mienne comme celle d’un ami, resta un quart d’heure à parler agriculture et politique et se retira avec une dignité parfaite.

Il n’y eut pas d’explication entre Célie et lui, non plus qu’entre lui et moi. Il n’y en eut jamais, et je crois qu’en ceci il obéit aux conseils et aux injonctions d’Erneste. Elle craignait qu’il ne dît ou ne fît quelque sottise nouvelle, elle ne voulut pas le voir humilié de nouveau. Elle eut raison. Le silence absolu de Montroger était la meilleure preuve qu’il pût nous donner du retour de sa raison.

Célie était encore très-faible quand l’hiver se fit sentir. Nous partîmes avec elle pour Cannes, où elle se rétablit peu à peu, non sans quelques rechutes de langueur. Nous n’avions annoncé notre mariage à personne, et, chose étrange, personne ne le pressentait. On en était venu à croire impossible que la grande demoiselle consentît jamais à prendre un maître, et l’état de sa santé ne permettait pas de croire qu’elle eût conçu un sentiment tendre en se débattant