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— Est-ce que l’ennemi était près de moi durant cette maladie ? S’il y vient, renvoyez-le. C’est lui qui me tue !

— Vous ne le reverrez jamais, répondis-je, je l’ai chassé.

— Merci, reprit-elle. Il a été trop cruel pour moi. Est-ce que je n’avais pas le droit de vivre ? Sauvez-moi de lui toujours.

Le lendemain, elle était hors de tout danger, et sa terreur était dissipée ; elle voulut savoir ce qui s’était passé entre Montroger et moi. Elle était trop faible pour supporter la vérité. Je lui répondis que nous étions au mieux ensemble, et qu’elle n’aurait plus jamais à se plaindre de lui.

Elle entra en convalescence ; mais, excepté ses paysans, Stéphen et le petit Moïse, qu’elle voyait un instant avec plaisir, elle ne voulut recevoir personne, et nous restâmes près d’elle sans nous occuper de ce que les connaissances en penseraient. Nous avions traversé des épouvantes auprès desquelles disparaissait complètement la puérile menace de ce petit monde. Elle-même ne s’en souciait plus et n’aspirait qu’à partir avec nous pour le Midi, dès que ses forces le lui permettraient.

Ma tante ne voulait pourtant pas la laisser seule avec moi, et elle commençait à s’inquiéter de ce que sa fille penserait, d’un dévouement si prolongé de notre part. Erneste avait l’air de le trouver tout simple. Mademoiselle Merquem vivant seule et sans famille, la société de deux amies lui était bien nécessaire dans son état de faiblesse. Célie était une sainte que ma présence ne pouvait pas compromettre. N’étais-je pas, d’ailleurs, un de ces hommes sérieux avant