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sonna lui-même. Il y eut un colloque à voix basse entre lui et Anseaume. Mademoiselle Merquem refusait de le voir. Il insista. Anseaume disparut et revint, cinq minutes après, lui dire d’un ton brusque, et assez élevé pour que Stéphen n’en perdît pas un mot :

— Mademoiselle est occupée et fait savoir à M. le comte qu’elle ne recevra plus personne en audience particulière. C’est demain dimanche, M. le comte viendra comme à l’ordinaire et pourra parler à mademoiselle devant tout le monde.

Montroger remonta en voiture et partit.

Stéphen resta à se promener jusqu’à onze heures autour de la maison pour savoir si Montroger ferait une autre tentative, et ne rentra au village que lorsque tout fut éteint et silencieux dans le château.

J’arrivai à quatre heures le lendemain, au Plantier. Ma tante, que j’avais tenue au courant par mes lettres, m’apprit que personne n’avait rien su des motifs de notre triple absence. J’étais censé avoir fait une course à Paris ; Montroger racontait avoir été à la chasse. Quant à mademoiselle Merquem, on ne savait pas qu’elle se fût absentée ; elle était censée enfermée avec Bellac pour travailler.

Il me tardait de lire la lettre que ma tante m’avait mise dans la main dès mon arrivée. Voici ce qu’elle contenait :

« Partez avec votre tante en sortant de chez moi ce soir. Quittez-la au bas de la colline en disant que vous allez passer la nuit chez votre ami Stéphen. Faites le tour du parc, vous me trouverez à l’une des portes. »

À huit heures, nous étions à la Canielle. C’était le dimanche, et mademoiselle Merquem avait fait dire à tous ses habitués qu’elle comptait sur eux. Jamais je ne