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à la Canielle, ou encore mieux à mon petit manoir de Montroger, où nous dînerions tous ensemble. — Acceptez, mademoiselle Merquem ; faites-moi cet honneur et cette joie, de venir célébrer chez moi vos accordailles.

Il parlait sérieusement ; mais, voyant l’embarras de Bellac et de Stéphen, devant lesquels il ne s’était jamais expliqué, et qui étaient censés ignorer tout, il ajouta avec une soudaine aigreur :

— Voyons ! il est temps d’en finir avec les secrets de la comédie ! Tous ceux qui ont de l’amitié pour l’heureux fiancé savent bien que la grande demoiselle a fait choix de lui et que, dans trois jours, tout le pays en sera informé.

— Vous vous trompez peut-être, lui répondit Célie, choquée du ton qu’il prenait ; vous me permettrez d’être juge dans la question. Je ne vous ai pas encore autorisé à faire ainsi les honneurs de mon avenir.

— Ah ! je croyais vous satisfaire pleinement en prenant l’initiative ; il me semblait que cela était convenu.

— Oui, mais vous vous êtes ravisé, dit Célie. Permettez-moi de me raviser à mon tour.

— Alors, vous voulez que j’aie le mauvais rôle, je vois ça.

— Vous n’aurez aucun rôle à jouer, reprit-elle, offensée et à bout de patience : je ne compte pas encore me marier, et je vous prie de remettre les choses sur le pied où elles étaient avant que je vous eusse confié mon projet. Je retournerai ce soir chez moi, et je ne recevrai plus aucune visite particulière jusqu’au jour où je ferai connaître ma résolution. Veuillez donc, jusque-là, ne trahir vis-à-vis de personne la