votre parole d’honneur que M. Bellac et le médecin ne sont plus inquiets de moi ?
— Je vous la donne deux fois pour une et sans hésitation, comme vous voyez.
— Merci. Je vous crois, me voilà tranquille. En ne reconnaissant pas le goût de mon cigare, je me croyais repincé. Puisque je peux sans danger penser à vos affaires, parlons-en.
— C’est inutile. Mademoiselle Merquem a dû vous dire ses intentions. Je n’ai qu’à m’y conformer, quelles qu’elles soient.
— Eh bien, elle m’a accordé un an de répit : vous le savez ?…
Je ne le savais pas, et je faillis m’oublier, m’emporter. Je me contins : il divaguait peut-être. Peut-être mentait-il pour m’éprouver : je gardai le silence.
— Vous trouvez que c’est bien long ? reprit-il.
— Je trouve que c’est long, en effet.
— Et que cette exigence de ma part est une noire ingratitude après les soins que vous m’avez donnés ?
— Que vous en semble à vous-même ?
— C’est votre opinion que je veux.
— Si vous êtes résolu à n’en pas tenir compte, inutile que je l’exprime.
— Je suis résolu à en tenir compte.
— Eh bien, j’avoue que vous pourriez vous montrer plus reconnaissant envers le dévouement immense de votre amie et plus généreux envers un rival qui ne se conduit pas en ennemi avec vous.
— Vous avez raison. Je me dis cela à moi-même, mais je ne me persuade pas : quelque chose en moi, l’amour ou l’orgueil, se révolte et se cabre ; mais je