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La journée se passa sans qu’il s’éveillât. Le médecin nous parut un peu inquiet le soir, Célie passa la nuit à surveiller et à partager les soins que nous donnions à son ami. Le médecin revint au point du jour et le trouva bien. Il était calme et dormait sans fièvre. Il s’éveilla enfin après dix-huit heures de sommeil. Célie ne devait se montrer à lui que dans le cas où son intervention paraîtrait utile. En ce moment, elle pouvait être dangereuse. Elle alla avec Stéphen et Célio s’assurer d’un logement dans la maison voisine, et je restai seul avec le malade.

Il se rappelait confusément les événements de la veille et n’avait pas conscience d’avoir été indisposé sérieusement.

— Où diable suis-je donc ? me dit-il en fixant sur moi ses yeux arrondis de surprise.

— Vous êtes chez moi, à Yport.

— Dans votre lit peut-être ?

— Je n’en avais pas de meilleur à vous offrir.

— Ainsi… vous m’hébergez, vous vous dérangez pour moi… Il paraît, ajouta-t-il avec un sourire empreint d’amertume, que nous sommes une paire d’amis ? Singulière situation ! bien ridicule pour moi, vous en conviendrez ! Mais qu’est-ce à dire ? je me sens très-faible. Est-ce qu’il y a longtemps que je suis dans ce lit ?

Il ne voulut pas croire qu’il n’y était que depuis la veille, et, après avoir fait de vains efforts pour se lever et s’habiller malgré mes instances, il se recoucha comme désespéré. Il avait une peur effroyable de la maladie et de la mort. Cette pusillanimité me rassura pour la suite, et je parvins à le calmer en lui remontrant que le calme seul pouvait le guérir. La