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l’honneur de croire que, si je n’avais eu pour vous une estime complète, je n’aurais pas cherché à me lier avec vous plus intimement que par le passé.

— Bon ! dites-moi ça… Je me l’étais dit aussi. Vous n’êtes pas hypocrite et vous allez droit au fait. Moi, j’aime mieux tout savoir. Au commencement, ma société ne vous était pas absolument délicieuse ?

— Notre rapprochement a marché si vite, grâce à des circonstances romanesques…

— C’est vrai ; au fait, c’est un roman, ce qui s’est passé, le diable m’emporte ! J’ai traversé un roman, moi, sans m’en apercevoir, et j’y ai joué un rôle, non pas tout à fait sans m’en douter, mais sans prévoir que j’y serais aussi utile. Allons ! c’est la première fois que je me trouve mêlé dans une histoire de ce genre qui soit sérieuse, car vous filez le parfait amour et vous allez au mariage ?

Je lui résumai en dix paroles l’histoire de ma passion. Je sentais que Célie l’eût exigé pour ne pas laisser notre confident faire fausse route.

Il me marqua son attention en me posant quelques questions empreintes d’une réelle sollicitude, puis il résuma ainsi son jugement :

— Une femme de trente ans qui est une jeune fille, ça doit être la perfection pour le mariage. Pas de nerfs, pas de curiosités sottes, pas d’exigences fantasques. Moi, j’avais toujours rêvé une veuve ; mais les retours sur le passé, les comparaisons,… cela me faisait peur ! Vous trouvez la raison et l’amitié d’une veuve sans l’inconvénient des souvenirs, c’est le phénix. Couvez-moi ça, mon cher. Soignez votre chance, ne vous gênez pas pour être fou. Ça ne me fera pas rire. Je ne ris que de ceux qui croient avoir ramassé une perle et qui