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d’orages, je n’en sais rien ; mais, n’ayant rien à craindre pour moi-même de sa vengeance, je veux vous y soustraire, Oh ! ne résistez pas ! Vous m’avez promis du bonheur, il ne faut pas commencer par me faire mourir d’inquiétude. Dans le second cas, il faut que j’encourage son projet sur Erneste avec beaucoup de prudence, mais sans recourir à l’hypocrisie. Vous ne pouvez pas exiger que je sois forcée de mentir deux fois, car je viens de mentir avec aplomb devant vous, et encore plus après votre sortie. J’avais peur pour vous, j’ai très-bien menti ; j’ai expliqué votre visite par une petite restitution de votre tante, à qui j’ai prêté, en effet, quelque argent pour parfaire le payement du Plantier ; mais je me suis sentie si mortifiée d’être réduite à ce rôle de fille coupable, moi qui ne suis pas habituée à pareille chose, que j’ai juré de ne plus m’y exposer. Je ne veux donc pas vous revoir avant le jour où je pourrai dire tout haut que je vous aime.

— Vous savez bien qu’avec ce mot-là vous m’enverriez au bout du monde ; mais ne m’envoyez pas trop loin !

— Irez-vous où je vous dirai d’aller ?

— Oui. Est-ce près ?

— C’est à une dizaine de lieues, à Yport, une oasis que les baigneurs et les touristes n’ont pas encore découverte, le plus charmant endroit de la côte. Il n’y a que des pêcheurs. Vous y attendrez mes ordres.

— J’irai.

— Tout de suite ?

— Ah ! grands dieux !

— Allons ! jurez de m’obéir !

— Je le jure.