Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous ne peut plus être un homme aveugle et ombrageux comme les autres. Votre amour donne la lumière et la foi.

— Est-ce bien sûr ? répondit-elle en me tendant la main. Pouvez vous jurer que vous ne reviendrez pas sur ce que vous venez de dire ?

— Je voudrais, repris-je, que Montroger fût ici pour un instant ! Vous verriez que je suis capable de lui serrer la main avec franchise, comme je baise la vôtre avec piété, en abjurant toute révolte et tout dépit.

J’avais à peine formulé cet engagement, que le vieux Anseaume entra pour dire à mademoiselle Merquem :

— M. le comte de Montroger demande si mademoiselle peut lui donner audience.

Célie tressaillit, mais elle répondit sans hésiter :

— Tout de suite.

Le majordome sortit.

— Ceci est un vrai coup de théâtre, me dit-elle ; nous allons voir si vous me tiendrez parole bien franchement !

— Oui, vous allez le voir malgré le déplaisir de la surprise… Dois-je vous laisser seule avec lui ?

— Certainement, car il est soumis à mes habitudes, et, s’il me demande audience, c’est le mot consacré chez une personne qui ne reçoit pas de visites, il faut qu’il ait quelque chose de particulier à me dire.

Montroger fut introduit. Malgré son grand usage du monde, il eut, en me trouvant chez Célie, un éblouissement. Le grave Anseaume, qui ne disait jamais une parole inutile, ne l’avait pas averti de ma présence.

La bonne humeur avec laquelle je lui tendis la