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châtiment qui n’est pas doux, vous le savez, le droit de rentrer tranquillement en elle-même et de se dire : « Je ne me suis perdue ni par ambition ni par vanité, ni par cupidité, ni par brutalité de mœurs, ni par lâcheté, bassesse ou calcul quelconque. Je n’ai fait de mal qu’à moi. On n’admet pas ma réhabilitation, mon expiation ne compte pas : eh bien, je vivrai avec recours à Dieu dans la suave et saine pensée de l’éternelle justice et de la suprême bonté, et je vivrai heureuse quand même ? »

Elle était si calme et si douce, que toute ma fureur acheva de tomber.

— Il est certain, repris-je, qu’une faute commise par vous ne peut pas avoir d’autres motifs que ceux que vous venez de dire.

— J’ose espérer, dit-elle, que vous n’en avez pas douté ?

— Je ne mentirai pas, j’ai douté de tout, j’ai eu le délire, j’ai souffert tout ce qu’un homme, peut souffrir, j’ai été jaloux ! Me voilà de sang-froid, et je sens que ce martyre a retrempé mon amour. Je vous aime davantage, Célie, depuis que je vois s’écrouler votre destinée, et, à présent que je peux devenir un appui pour vous, j’ose vous dire : prenez-moi, je vous appartiens.

— Comment l’entendez-vous ?

— Comme vous voudrez.

— Quoi ! si je vous disais de me donner votre nom… ?

— Tout ce qui est à moi est à vous. Prenez-le.

— Vous y avez réfléchi ?

— Non, j’ai foi dans la spontanéité de mes pre-