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que chose à faire pour empêcher ce misérable de mêler le nom sacré de mademoiselle Merquem à l’ignoble procès qui va avoir lieu ? On voudra savoir pourquoi il est grièvement blessé ; on saura où il avait passé les jours qui ont précédé son arrestation. La famille Guillaume, interrogée, dira la vérité. Il faut qu’on la dise ; moi-même, j’aurai à m’expliquer…

— J’entends, j’entends de reste, répondit Stéphen. Diable ! oui ; je n’avais pas pensé à ça, moi ! Je me souviens du récit du valet de place. Déjà le monsieur s’était publiquement vanté à Étretat… Il se vantera encore, toute calomnie absurde est du répertoire de ces coquins. Sacrebleu ! pourquoi ne l’avez-vous pas tué du coup ? Nous l’aurions jeté à la mer, il n’en eût été que ça ! Et quand je pense que nous avons risqué nos carcasses pour tirer ce requin-là de son écueil, où il était si bien !… Voyons, il faut aviser… Avant tout, il faudrait mettre le petit amiral en garde ;… mais qu’est-ce qu’elle risque ? Bah ! c’est de l’ennui quand les journaux parleront ; mais elle n’en sortira que plus blanche. Une femme comme ça ne peut pas être salie parce qu’une limace essaye de baver sur le bout de son soulier…

— N’importe, repris-je, elle doit être agitée et malheureuse de ce qui arrive, si elle le sait. Croyez-vous qu’elle le sache déjà ?

— Ma foi ! oui, je l’ai raconté aux Guillaume, qui ont dû le lui dire à l’heure qu’il est. Si vous y alliez, pour lui remonter un peu le moral ? Vous lui direz que nous sommes là, nous, et que, quand on nous appellera comme témoins, nous parlerons haut et fort ; qu’elle s’en rapports à nous pour la défendre ! Pour ma part… je ne suis pas bien sensible, moi,