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soir, il avait envoyé chercher. Il souffrait beaucoup et parlait avec rage de se venger de tous les habitants de la Canielle. Personne chez Michelon n’ayant pu lui dire mon nom, quand même on l’eût voulu, il avait promis de mettre le feu au village ; mais, comme Michelon et sa famille, scandalisés de sa malice, lui avaient répondu qu’on prenait acte de ses menaces, il n’était pas probable qu’on entendit jamais parler de lui.

— L’homme est lâche au fond, ajouta Stéphen. Il a le courage physique, mais non le courage moral. Il n’y a plus à s’occuper de lui ; avec sa gueule fraîchement ébréchée, il ne poursuivra plus de quelque temps les femmes, et il ne se risquera plus à faire le siège du château de la Canielle, le sachant si bien gardé. À présent, il faut aviser à nous débarrasser de son laquais, qu’il a parfaitement oublié ici sans lui laisser un sou, et qui se lamente comme une mouette. Cet imbécile demande à vous voir ; il est debout, et, depuis une heure, il se promène sur la galerie pour vous saisir au passage. Vous voilà prêt, faisons-le entrer, et n’oubliez pas qu’il vous prend pour un camarade.

— Parfaitement, répondis-je, je ne serai pas fâché de savoir quelles étaient les espérances de M. le marquis en se faufilant ici.

J’avais repris mes habits de marinier. Le quidam introduit se jeta dans mes bras en pleurant et en m’appelant son sauveur et son ami. Comme il m’aimait ! Il aimait tant la vie !

Je coupai court à cette scène ridicule en lui disant que l’on ferait une collecte pour lui dans le village afin qu’il pût s’en aller sans mendier, mais que je ne