Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, je ne crains rien, reprit Barcot, rien du tout ! Qu’il dise ce qu’il voudra,… l’Anglais !

Et, en décochant cette dernière flèche, il prit sa course à travers les rochers, rasant le flot comme une mouette, et laissant sur le sable la trace de ses pieds nus, très-petits et beaux comme toute sa personne.

Celio Guillaume se leva lentement en déclarant que ce gars avait besoin d’être corrigé. Stéphen, qui était presque aussi fort que lui, le retint et le força de se rasseoir en lui disant d’un ton paternel qu’il fallait en passer plus d’une aux enfants.

Le jeune Guillaume ne pouvait calmer son mécontentement intérieur qu’en nous en faisant part.

— Je veux que vous sachiez ce qu’il a fait, dit-il, et vous verrez si c’est bien, et si les gens de chez nous doivent souffrir que ça recommence. Jeudi dernier, il est venu par ici deux étrangers habillés à peu près comme tous les gens de la côte et à qui d’abord personne n’a donné grande attention. On s’est étonné de les voir causer avec ce flâneur de Célio Barcot, qui ne les connaissait pas plus que nous, et qu’ils ont invité à déjeuner au cabaret de Michelon. Le gars, qui aime à faire le beau parleur et le savant, comme vous avez pu voir, s’est laissé questionner sur défunt M. l’amiral, sur la demoiselle, sur l’enfant qu’elle a sauvé, que sais-je encore ? Ces gens, qui disaient être de Saint-Pierre, à dix lieues de chez nous, étaient curieux de choses qu’ils auraient dû savoir, et que personne d’ici n’avait besoin de leur dire, car on n’aime pas les curieux, nous autres, et, si on a causé de bon gré avec vous, c’est qu’on vous a connu pour des honnêtes gens. Célio Barcot n’est pas mauvais, mais il est bavard et il aime un peu à licher. Et puis c’est jeune, et