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« Je crois que vous avez raison, et que cet apprentissage d’austérité intellectuelle vous mènera à la vérité. »

Henri prit cela pour des paroles d’encouragement. Moi, je sentis que le ton et le regard de Lucie me faisaient vaguement beaucoup de mal ; mais, quand Henri me demanda ensuite pourquoi, je ne sus pas le lui dire.

On parla d’autre chose, et nous prîmes congé. Notre visite avait duré plus longtemps qu’il n’était strictement convenable ; mais, loin de nous le faire sentir, on nous invita à une promenade à laquelle madame Marsanne et sa fille, ainsi que deux ou trois autres personnes, allaient être conviées. M. de Turdy chargea Henri de prendre jour avec ces dames et de lui écrire leur décision.

Madame Marsanne me prit à part le soir même pour me demander comment s’était passée ma seconde visite à Turdy. Je lui en rendis compte sincèrement. Comme jamais il n’a été question entre elle et moi des projets que vous aviez faits ensemble, et que je suis censé, aussi bien qu’Élise, les ignorer absolument, je crus devoir exprimer sans détour mon admiration pour Lucie et ma sympathie pour son grand-père.

« Prends garde, mon cher Émile, répondit notre amie. Mademoiselle La Quintinie a refusé plusieurs partis, et, bien qu’elle n’ait pas affiché une résolution décisive, sa famille craint qu’elle ne tourne tout doucement à l’habitude du célibat. Il faut que je t’apprenne ce que c’est que Lucie. Je ne le sais réellement que depuis deux ou trois jours, ayant été aux informations auprès des personnes du pays.

« Lucie n’est pas seulement une charmante fille que mon Élise a connue très-gaie et très-intelligente au couvent : c’est à présent une personne plus que distinguée : c’est, dit-on, une femme réellement supérieure. Elle a tant de goût et de bon sens, qu’elle le cache plutôt