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rien de plus ! Pas d’exagérations, pas de couvent,… peu de prêtres, la liberté d’aimer… sans conditions religieuses ! Adieu ! Aimez-la bien… ne m’oubliez… J’ai mal aimé… Bien coupable, coupable seule !… Pardon, mon mari…

« Ta pauvre Blanche. »

L’abbé pleurait.

« Vous le voyez, monsieur ; lui dit M. Lemontier, au moment de la mort, on revient à la raison et à la nature ! Ceci est une abjuration du fanatisme. Et à présent qu’allez-vous faire ? Cette arme que j’avais contre vos oppositions et dont je ne connaissais pas le prix, vous allez la détruire sans vous engager à rien vis-à-vis de moi ? Est-ce là ce que vous avez résolu ?

— Monsieur Lemontier, répondit Moreali, si vous n’aviez que cette arme contre moi, elle serait nulle. La religion fervente, à laquelle il n’est pas difficile d’amener le général, lui défendrait d’écouter ce vœu de tolérance et de liberté adressé à lui par sa femme à l’égard de sa fille ; mais je suis lié envers vous par ma conscience d’homme, et, dussé-je avoir à lutter contre les scrupules de ma conscience religieuse et sacerdotale… il faut pourtant écouter le cœur quelquefois, je le sens bien ! Vous m’avez dit là-dessus de bonnes choses que je n’oublierai pas. Vous n’avez pas ébranlé mon dogme, mais vous m’avez ouvert un monde de réflexions que je pèserai pour les faire concorder avec ma foi ; je crois cela possible. Rien de ce qui est bon ne peut être inconciliable avec la religion du Christ.

— Est-ce là tout ? Vous me donnez l’espérance d’avoir un peu modifié vos résolutions ; mais, si le père Onorio vous travaille, vous nierez ce que vous venez de m’accorder, votre conscience se retournera sur l’autre oreille, et, certain que je suis incapable de trahir vos secrets, vous