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de sa découverte. Il fut convenu que tout serait rapporté à Lucie, mais non à M. de Turdy, dont on avait jusque-là respecté la tranquillité d’esprit en ne l’initiant pas aux nouvelles crises de la situation.

Dès le lendemain, Lucie donna à Misie la commission d’un achat de linge à Lyon, et elle la conduisit elle-même au chemin de fer dans sa voiture. Elle emmenait le grand-père et sa femme de chambre dîner et coucher à Chambéry chez la vieille tante, après avoir donné à tous les domestiques diverses occupations au dehors. M. Lemontier resta donc seul à Turdy. Henri vint l’y rejoindre. Ils s’enfermèrent chez Lucie avec les outils nécessaires à une perquisition complète ; mais ils commencèrent par raisonner leur exploration. Si madame La Quintinie avait fait murer l’objet, elle eût été forcée d’avoir recours à d’autres confidents de son secret que Misie, Misie eût su et eût dit à l’abbé cette circonstance si propre à donner de la réalité au dépôt : ou il n’y avait pas de dépôt, et tout s’était passé dans l’imagination de la malade, ou le dépôt avait été confié à la muraille au moyen d’un secret qu’on pouvait espérer trouver, même après les recherches de Misie et de l’abbé. Au bout de deux heures d’un examen minutieux, M. Lemontier ayant fait sauter avec une pointe le mastic dont les peintres avaient rempli une fente assez large entre deux baguettes sculptées, il remarqua au fond de cette fente un corps sans résistance qu’il put attirer avec l’outil. C’était de la ouate et non de l’étoupe ordinaire. Il introduisit une pince très-fine et retira un sachet de cuir de Russie cousu avec soin, comme une amulette, mais assez grand pour contenir plusieurs lettres ou une petite liasse de papiers bien serrés. En introduisant là cet objet, on avait simplement profité d’un accident de la boiserie, accident que les ouvriers avaient fait disparaître par la suite, sans rien soupçonner