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plusieurs pièces, et on ne s’était pas arrêté dans la première. Il n’entendit rien. Il essaya de se glisser dans l’appartement de M. de Turdy : Misie, peut-être dans la prévision de quelque surprise, en avait retiré la clef. Henri resta près d’une heure dans cette angoisse, souvent prêt à perdre patience, mais toujours retenu par l’espérance de pénétrer le mystère. Enfin il entendit Misie qui parlait dans l’antichambre de l’appartement de Lucie, où elle était restée selon toute apparence, et qui disait :

« Eh bien, monsieur l’abbé, est-ce fini ? Ils vont rentrer. »

Henri recula lentement jusqu’à la bibliothèque, et, se plaçant derrière la porte, il recueillit l’entretien suivant dans le corridor :

« Avez-vous bien éteint les bougies, monsieur l’abbé ?

— Parfaitement, mais je n’ai pas terminé… Croyez-vous qu’ils sortiront encore demain à pareille heure ?

— Oui, je le crois.

— Pourrai-je revenir avec les mêmes précautions ?

— C’est bien dangereux, monsieur l’abbé ! Vous me ferez chasser !

— Écoutez ! Si je peux revenir, mettez sécher du linge sur la terrasse, quelque chose de grand, des draps, que je verrai de loin : un quart d’heure seulement !

— Il faut bien que je fasse ce que vous commandez, monsieur l’abbé, puisque c’est pour le salut de cette chère maîtresse !

— Bien, Misie, Dieu vous en récompensera ! Conduisez-moi par l’escalier du vieux château. »

Ils passèrent devant Henri ; ils étaient arrêtés tout près de lui pour se consulter. Il attendit qu’ils fussent loin pour sortir de l’enclos par le fond du jardin et aller au-devant de la voiture qui ramenait les maîtres du manoir et M. Lemontier. Il invita ce dernier à descendre