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« Tuez-la, si elle est en état de grâce ! » Ils ont peut-être des complices de leur folie et des ministres dévoués de leurs audaces. Je me demandais si, à l’insu de votre père, ils ne pourraient pas vous enlever et vous faire transférer dans un autre couvent qui serait pour vous une véritable prison où votre père lui-même aurait de la peine à vous découvrir. Je m’exagérais sans doute le danger. On n’enlève ainsi que les personnes qui s’y prêtent par leur faiblesse et leur crédulité. Pourtant… je ne suis pas tout à fait sans inquiétude. On peut vous obséder, vous irriter au point de vous rendre malade… et les malades sont sans défense.

— Oui ! répondit Lucie : ma mère !…

— N’acceptez donc pas les conditions du général, reprit M. Lemontier ; proposez-lui-en d’autres, auxquelles nous réfléchirons ensemble aujourd’hui. Gagnons du temps, et ne montrez pas l’impatience d’une solution trop prompte.

— Ah ! mon ami, répondit Lucie, je vous remercie de ce conseil. Que deviendrait mon grand-père sans vous et sans moi ? Je vous l’aurais laissé avec confiance… ou bien à Émile ! Mais on exige que vous partiez, et certes on ne veut pas qu’Émile revienne. Émile cependant ne me trouvera-t-il pas bien lâche de reculer devant quelques semaines de prison quand le consentement de mon père est à ce prix ?

— Émile pensera, comme moi, qu’en fait de couvent il faut se rappeler ces vers de La Fontaine :






Je vois fort bien comme on y entre,





Et ne vois point comme on en sort.

Ne parlez pas de cette lettre au grand-père ; je vais tâcher de voir et de pénétrer M. Fervet. »

M. Lemontier se rendit à Aix et y trouva l’abbé avec le